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Il y a bien eu cette bouteille d’arak ouverte, samedi soir, par Amit Segal, l’animateur d’une émission politique sur la chaîne 12, la plus regardée en Israël. Il s’agissait de célébrer la mort de Hassan Nasrallah, l’un des pires ennemis de l’Etat hébreu. Sa plus grande victoire était d’avoir provoqué le départ de l’armée israélienne du Liban sud, en 2000, après quelque vingt ans d’occupation. Ainsi que d’avoir mis en difficulté l’armée israélienne dans la « guerre de 33 jours », en 2006, une opération lancée hâtivement à la suite de l’enlèvement de soldats israéliens – leurs corps n’ont été rendus qu’en 2008.
Hassan Nasrallah avait fait du Hezbollah l’un groupes paramilitaires les plus puissants au monde, à la réputation de « milice entraînée comme une armée et équipée comme un Etat ». Les Israéliens ne supportaient plus la menace constante que le chef du Parti de Dieu faisait peser sur l’Etat hébreu.
Pourtant, l’initiative d’Amit Segal n’a suscité que des réactions polies, voire gênées. A l’échelle du pays, nulle manifestation de joie massive, contrairement au moment de la libération de quatre otages par l’armée israélienne en juin − au prix d’une opération qui a coûté la vie à quelque 270 Palestiniens. Samedi, quand la mort du « sayyid » a été confirmée, les Israéliens vaquaient à leurs occupations quand ils n’étaient pas rassemblés pour le shabbat.
« La guerre n’est pas finie. Il y a encore 101 otages à Gaza, dont personne ne sait s’ils sont encore en vie, fait valoir Gil Murciano, le directeur de l’institut Mitvim, un groupe de réflexion basé à Tel-Aviv. Le jour même de l’annonce, l’agence de notation Moody’s a dégradé la note d’Israël. Et, depuis le 7 octobre 2023, le pays entier est recouvert d’un voile de tristesse. Personne ne sait si ces victoires militaires seront converties en gains politiques. Faire des opérations incroyables, c’est une chose. Changer la réalité concrètement en est une autre. » Cela n’a pas empêché le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, de se réjouir bruyamment, samedi soir : « Hier, l’Etat d’Israël a éliminé le meurtrier ultime, Hassan Nasrallah. […] Il n’était pas qu’un terroriste, il était le terroriste. »
La presse israélienne a salué l’assassinat, rêvant d’un avenir plus sûr. « Pour la première fois depuis le début de cette guerre, on peut dire avec une certitude absolue que l’axe régional iranien a été stratégiquement affaibli. Israël commence à voir émerger une solution : le déploiement de l’armée libanaise le long de la frontière et l’expulsion pratique du Hezbollah en tant que force combattante du Liban sud », écrit l’éditorialiste Nadav Eyal dans le quotidien Yediot Aharonot. Dans le même journal, Ronen Bergman exprime une réserve : « Pour l’instant, tous les plans offensifs d’Israël, y compris l’assassinat, ont réussi. Mais la question reste de savoir ce qu’Israël prévoit de faire à l’avenir. » « Israël a trouvé Nasrallah et doit maintenant trouver une stratégie », a dit un haut responsable des forces de sécurité.
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